Après une première visite dont les avis furent mitigés lors de notre arrivée en Australie, j’attendais avec impatience de retourner à l’aquarium de Melbourne, fraichement restauré. On note l’effort du parcours totalement aménagé pour ces adorables chérubins qui courent partout et tapent sur les vitres des bassins. En revanche, les poissons doivent se sentir un peu seuls car leur nombre est assez limité.
Mais la star des lieux se prénomme Pinjarra et mesure 6 mètres de long pour 700 kilos d’écailles et de dents. Ce charmant crocodile a bien voyagé avant d’atterrir un beau jour à Melbourne. Comme la plupart de ses cousins, Pinjarra vivaient des jours paisibles dans les rivières salées du Territoire du Nord jusqu’à ce que des inondations viennent modifier sa trajectoire. Le chanceux Pinjarra se retrouva au beau milieu d’une ferme où il commença un festin avec les vaches du propriétaire. Après quelques repas et 20 000 dollars de dommage, le fermier trouva la note un peu trop salée… Pinjarra fut déplacé dans une ferme spéciale crocodiles où commença son règne de pacha. Ouai mais voilà, le sympathique Pinjarra se prend des airs de tyran ce qui commence à irriter ses voisins. Après quelques coups de gueule, la ferme décide de lancer un appel d’offre en mode « au secours, mon croco est hors de contrôle ». L’aquarium de Melbourne répond présent, et après quelques travaux d’aménagement et un long voyage en camion pour Pinjarra, l’animal est officiellement melbournien depuis bientôt six mois.
Je vois un tunnel, un trou, de la lumière, je passe la tête et « Ô My God retiens ce cri d’horreur », Pinjarra est juste là, comme allongé sur ma tête avec seulement une vitre qui sépare mon crane de ses écailles. Après avoir retrouvé un rythme cardiaque acceptable, je scrute chaque détail de l’animal. Les écailles ont l’air incroyablement épais et les petites pattes arrière ressemblent à des mains humaines avec les ongles mais sans le vernis. On monte ensuite à l’étage pour avoir une vue plongeante sur l’animal qui ne bouge toujours pas. Le corps dans l’eau, les yeux à moitié ouverts, Pinjarra semble paisible mais fait pourtant bien passer le message « si tu entres chez moi, je te mange ». La guide a beau dire qu’un crocodile peut facilement passer un an sans manger et que Pinjarra ne touche parfois même pas à son poulet, moi, personnellement, j’ai des doutes.
Australia Here We Go-o 